
Leasing Tiny House : Pourquoi Cette Solution n'Existe Pas
Tu veux une tiny house mais tu n'as pas 60 000€ dans le slip ? L'idée du leasing t'a traversé l'esprit ? Normal, c'est tentant : des mensualités abordables, pas besoin d'apport énorme, et hop, tu récupères ta mini-maison de rêve.
Sauf que... ça n'existe pas. Enfin, pas vraiment.
Et c'est pas faute de demande. Alors pourquoi les banques et sociétés de financement boudent encore cette solution ? Spoiler alert : c'est un bordel juridique et technique.
Le leasing, ça marche comment déjà ?¶
Petit rappel pour ceux du fond. Le leasing (ou LOA - Location avec Option d'Achat), c'est simple : tu loues un bien pendant X années, tu payes des mensualités, et à la fin tu peux soit le racheter, soit le rendre.
Ça marche nickel pour les voitures. La société de leasing achète ta bagnole, te la loue, et si t'en veux plus au bout de 3 ans, elle la revend d'occasion. Mathématiquement, ça se tient.
Pourquoi ça marche pour les voitures :
- Marché d'occasion structuré avec des cotes (Argus & co)
- Dépréciation prévisible
- Assurance standardisée
- Statut juridique clair : c'est un véhicule, point
Pour l'immobilier, pareil. Prêt immobilier classique, hypothèque sur le bien, marché établi. Tout roule.
Leasing Auto vs Tiny House
Pourquoi ça marche parfaitement pour les voitures mais pas du tout pour les tiny houses ? La réponse en images.
Leasing Auto
✅ Ça marcheLe leasing automobile fonctionne parfaitement depuis des décennies. Tout est structuré, prévisible, et rentable.
- Cote Argus : Valeur résiduelle calculable
- Statut juridique : C'est un véhicule, point
- Assurance : Une seule, standardisée
- Marché d'occasion : Structuré et liquide
- Dépréciation : Prévisible selon modèle
Leasing Tiny House
❌ ImpossibleLes tiny houses refusent de rentrer dans les cases du leasing traditionnel. Chaque point pose problème.
- Cote de référence : Aucune grille de prix
- Statut juridique : Remorque OU habitation ?
- Assurance : Double obligation = casse-tête
- Marché d'occasion : Quasi-inexistant
- Dépréciation : Impossible à calculer
Le Casse-Tête Juridique des Tiny Houses
Sur la Route
Carte grise
Assurance remorque
Code de la route
À l'Arrêt
Assurance habitation
Règles d'urbanisme
Résidence mobile
Une remorque ? Une maison ? Les deux ? Personne ne sait, donc personne ne se lance.
Tiny house : le casse-tête juridique¶
Et là, arrive la tiny house. Un OVNI qui refuse de rentrer dans les cases.
Problème n°1 : C'est quoi au juste ?¶
Une tiny house, juridiquement, c'est schizophrène :
- Sur la route : une remorque (avec carte grise, assurance véhicule)
- A l'arrêt : une habitation (avec assurance habitation)
Alors ton leasing, il porte sur quoi ? Une remorque ? Une maison ? Les deux ?
Les tiny houses sont juridiquement considérées comme des remorques quand elles se déplacent et comme des habitations quand elles sont stationnées. Cette dualité complique énormément le financement.
Problème n°2 : Pas de cote, pas de chocolat¶
Les tiny houses ne peuvent être financées que par des crédits à la consommation, moins avantageux que les crédits immobiliers.
Pour faire du leasing, il faut pouvoir calculer la valeur résiduelle. Combien vaudra ta tiny dans 3 ans ? Mystère total.
Pourquoi c'est compliqué :
- Pas de marché d'occasion structuré
- Chaque tiny est unique (sur-mesure)
- Pas de grille de décote fiable
- Usure difficile à évaluer (ça bouge, ça vibre)
Comment tu veux qu'une société de leasing calcule ses mensualités sans ça ?
Problème n°3 : L'assurance, le calvaire¶
Une tiny house, c'est deux assurances obligatoires :
- Assurance remorque (quand elle roule)
- Assurance habitation (quand elle est posée)
Il est obligatoire de faire assurer votre tiny house en tant qu'habitation et en tant que remorque avec deux contrats d'assurance distincts.
Imagine la galère pour une société de leasing. En cas de sinistre, c'est qui qui paye ? L'assurance véhicule ? L'assurance habitation ? Les deux ? Personne ?
Problème n°4 : Où tu la poses ?¶
Il existe de nombreux leviers mais qui ne correspondent pas forcément à la temporalité des projets de Tiny House, explique un propriétaire confronté aux difficultés d'installation.
Pas de terrain = pas d'utilisation. Et une société de leasing, elle fait quoi de sa tiny si tu peux plus la poser nulle part ?
Les solutions bidouilles actuelles¶
Bon, c'est pas pour autant que les gens renoncent. Il y a quelques initiatives.
Location longue durée¶
La location longue durée de tiny house en France n'est pas très répandue, la loi n'a pas encore encadré la pratique.
Quelques constructeurs comme Ademeure tentent le coup avec de la location pure (sans option d'achat). Mais c'est rare et souvent plus cher qu'un leasing classique.
Les villages de tiny houses¶
Le Ty Village à Saint-Brieuc assure le raccordement à l'eau et l'électricité pour une location courte durée, location longue durée ou installation pour les propriétaires.
L'idée : mutualiser les emplacements et services. Malin, mais ça reste anecdotique.
Le bricolage bancaire¶
Certains arrivent à détourner le système :
- Prêt personnel : jusqu'à 75 000€, mais taux élevé
- Crédit camping-car : parfois accepté par les banques compréhensives
- Prêt travaux : si tu prétends que c'est un studio de jardin
Les crédits à la consommation sont les plus faciles à obtenir, mais les montants sont évidemment plus faibles que les crédits immobiliers (75 000€ maximum).
Pourquoi ça va peut-être changer¶
La demande explose¶
La tendance a vraiment démarré en France à la suite du confinement, après le printemps 2020, confirme André Daniel d'Euro Tiny House.
Plus de demande = marché qui se structure. Et qui dit marché structuré dit solutions financières qui suivent.
La législation évolue¶
L'Union française des constructeurs de tiny houses (UFCTH) a vu le jour avec pour objectif de faire évoluer la législation pour faciliter l'installation de ces habitats légers.
Si le statut juridique se clarifie, les financements suivront.
Le marché de l'occasion se développe¶
Avec plus de tiny houses en circulation, un marché d'occasion commence à émerger. Pas encore de cote Argus, mais les prix se stabilisent.
Les assureurs s'adaptent¶
Les assurances commencent à proposer des contrats spécialisés habitat mobile. C'est un début.
Les obstacles qui persistent¶
Le volume encore trop faible¶
On compterait aujourd'hui environ 150 entreprises dédiées à la construction de tiny houses en France, mais seules une dizaine peuvent être considérées comme "sérieuses".
Pas assez de volume pour intéresser les gros acteurs du leasing.
La standardisation qui manque¶
Chaque tiny est différente. Difficile de faire du leasing sur du sur-mesure.
Les terrains, toujours les terrains¶
Bien souvent, pour s'installer sur un terrain en tiny house, il est plus simple de se cacher... mais toujours avec une épée de Damoclès au dessus la tête.
Sans solution pérenne pour les terrains, difficile de développer le financement.
Alors, c'est pour quand ?¶
L'estimation réaliste : 3 à 5 ans.
Il faut :
- Que la législation se clarifie
- Qu'un marché d'occasion se structure
- Que les assureurs proposent des produits adaptés
- Qu'un acteur du leasing prenne le risque de se lancer
En attendant, tu as trois options :
- Financement classique (crédit conso, prêt perso)
- Location longue durée (rare mais ça existe)
- Autoconstruction (le moins cher mais faut savoir bricoler)
Le conseil final¶
La demande est croissante et on peut s'attendre à ce que les acteurs de ce monde proposent d'ici peu des offres de "leasing" de Tiny house.
Le leasing arrivera. Mais pas tout de suite.
Si t'es pressé, va voir du côté des crédits camping-car ou prêts personnels. C'est moins avantageux qu'un leasing, mais au moins ça existe.
Et surveille les initiatives comme les villages de tiny houses. Parfois, la solution vient d'où on l'attend pas.